L’histoire des pneus Run Flat
Les débuts d’avant-guerre
1934 - Goodyear introduit la technologie LifeGuard sur le marché. Il s’agit d’une chambre à air auxiliaire en nylon placée à l’intérieur du pneu. En cas d’éclatement ou de crevaison, celle-ci pouvait brièvement absorber toute la charge du véhicule. Ce système permettait d’éviter les chutes brusques de pression d’air, mais ne permettait pas de rouler très loin. La chambre à air supplémentaire libérait progressivement l’air, ce qui laissait assez de temps au conducteur pour trouver un endroit assez sûr pour monter la roue de secours.
La guerre, moteur du progrès
1941 - Le département de la Défense des États-Unis lance un concours auprès des industriels américains pour la mise au point d’un pneu qui serait capable de rouler 75 miles (120 km) après crevaison. Les brevets précédents présentés par les entreprises françaises et allemandes, des modèles remplis de mousse de caoutchouc, fonctionnaient bien pendant les batailles, lorsque le véhicule ne parcourait pas de longues distances ou restait immobilisé sur le champ de bataille en tant que véhicule de tir. Malheureusement, ces pneus devaient être remplacés après quelques centaines de kilomètres d’utilisation normale. C’est cette idée de pneus à flancs autoporteurs, née au Royaume-Uni, qui nous permet aujourd’hui de parcourir jusqu’à 80 km en roulant à plat.
Décembre 1941 - La finale de ce concours de brevet se déroulait sur la route reliant Miami et Tampa en Floride, la fameuse « Tamiami Trial », qui traverse les marécages des Everglades. Les résultats du concours n’ont pas été très probants. Le meilleur pneu n’avait même pas tenu 22 miles (35 km). Cependant, le travail des fabricants n’était pas inutile. L’armée américaine poursuivit en interne le développement des technologies de renforcement des flancs présentées lors du concours et ne lésina pas sur les moyens pour poursuivre le développement du projet. Ils ont ainsi réussi à étendre l’autonomie des pneus à pression nulle jusqu’à 150 miles (240 km). L’utilisation de pneus innovants sur des véhicules militaires modernes a certainement contribué aux succès de l’armée américaine lors de leurs opérations sur le continent européen.
Un progrès dynamique
1955 - Goodyear présente un modèle de pneu doublé d’un insert intérieur (Captive Air Shield) en matière synthétique capable de supporter la charge du véhicule en cas de crevaison. Celui-ci offrait une autonomie garantie de 160 km à une vitesse pouvant aller jusqu’à 80 km/h. Quelques années plus tard, les modèles de la série Double Eagle équipés d’inserts LifeGuard Safety Spare en option furent présentés comme des pneus « équipés d’une roue de secours intégrée ». En raison de son prix élevé, cette solution ne rencontra pas le succès escompté.
1958 - Chrysler propose des pneus à flancs renforcés fabriqués par l’US Royal et permettant de rouler à plat sur une courte distance.
1965 - Les voitures de compétition de la NASCAR sont équipées de pneus dotés du système Lifeguard Racing Shield mis au point par les ingénieurs de Goodyear. Ce système est toujours utilisé aujourd’hui.
Octobre 1973 – L’entreprise autrichienne Polyair (qui est aujourd’hui l’un des principaux fabricants de coussins de suspension pneumatique de camions) propose un pneu aux flancs renforcés, fabriqué à partir d’un type innovant de polyuréthane. Ce matériau conserve la souplesse du caoutchouc, mais présente une résistance à l’usure quatre fois supérieure. Le modèle proposé par Polyair est environ 30 % plus léger qu’un pneu traditionnel. En outre, il ne nécessite pas de renforts supplémentaires grâce à la très grande résistance du composé. Enfin, il est produit par une méthode de moulage sous pression moins coûteuse et peut parcourir à plat jusqu’à 100 km à une vitesse d’environ 70 km/h. Grâce à la réduction significative du frottement intramoléculaire de cette nouvelle gomme, le modèle chauffe beaucoup moins vite et moins fortement qu’un pneu à base de caoutchouc synthétique traditionnel. L’inconvénient de ce modèle était son adhérence beaucoup moins bonne sous la pluie que celle de pneus standard.
1978 - Goodyear présente les pneus SST (Self Supporting Tyre) avec des flancs autoportants qui reprennent la charge du véhicule après une perte de pression, les précurseurs de nos modèles runflat contemporains. Il offre une autonomie de 40 miles (64 km) à des vitesses allant jusqu’à 40 mph (64 km/h).
Les modèles de roulage à plat actuels
1987 - La Porsche 959 est la première voiture à être équipée en usine de pneus Run Flat (Bridgestone RE71). Ceux-ci permettent de parcourir une distance de 100 km à une vitesse maximale de 60 km/h.
1997 - Les pneus Run Flat Goodyear Eagle F1 GS-EMT sont montés en standard sur la Chevrolet Corvette, offrant une autonomie de 320 km à 88 km/h, à une température extérieure de 22 degrés Celsius après une crevaison.
Avril 1998 - Michelin présente le système PAX.
Décembre 1999 - La Roadster Z8 est le premier modèle de BMW à être équipé de manière standard du système RSC (jantes EH2 dédiées, pneus Run Flat et capteurs de pression d’air).